Masques équatoriens : la quête de l’identité métisse dans « El chulla Romero y Flores » de Jorge Icaza (1958)

Auteurs

  • Béatrice Ménard

Résumé

Cet article étudie les jeux de masques auxquels donnent lieu, dans le roman néo-indigéniste de Jorge Icaza intitulé « El chulla Romero y Flores » (Quito, Casa de la Cultura Ecuatoriana, 1958), les conflits ethniques et sociaux ayant pour cadre la capitale de l’Équateur dans les années trente. Il est centré sur la quête identitaire du personnage éponyme du roman, écartelé entre ses origines indigènes et ses origines espagnoles dans la société multiraciale de Quito, caractérisée par son hétérogénéité sociale et culturelle. Il s’interroge sur la place de l’indien dans cet espace urbain en pleine évolution sociale, économique et politique, emblématique de la falsification identitaire, où le chulla, en proie à un puissant sentiment d’infériorité raciale, s’applique à occulter sa honteuse ascendance indigène, tombant ainsi dans l’inauthenticité du paraître qui régit les relations sociales dans la capitale équatorienne. Il analyse l’évolution du chulla vers la reconnaissance de soi en tant que métis, en insistant sur le dénouement du roman, où le personnage assume pleinement sa condition au terme de son itinéraire initiatique. Il prête une attention toute particulière aux stratégies narratives inspirées de l’art dramatique qui permettent à Jorge Icaza de mettre en scène les contradictions existentielles du protagoniste ainsi que les étapes successives de la construction d’une identité équatorienne métisse.

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Publié

23/03/2010