De la conceptualisation de l’esclave : Juan Francisco Manzano ou la création d’un « personnage conceptuel » au service de l’élite créole réformiste cubaine au cours de la première moitié du XIXème siècle.

Auteurs

  • Karim Ghorbal

Résumé

Les créoles réformistes cubains, au cours des années 1830, n’ont pas tant intérêt à décrire le monde tel qu’ils le voient qu’à en donner une interprétation qui serve leur idéologie. Aussi, encensent-ils le Bon Nègre, l’esclave soumis, alors qu’ils condamnent le Mauvais Blanc, le maître qui maltraite son cheptel humain. Dans cette perspective, Juan Francisco Manzano, poète esclave libéré par un groupe de créoles lettrés, arrive à point nommé car il a la particularité d’écrire et d’exister dans le réel. Or, quoi de plus efficient qu’un concept tangible ? Juan Francisco Manzano est en quelque sorte l’agent d’énonciation des créoles réformistes. La « fabrication » du personnage conceptuel Manzano permet de tenir un discours. Le Je qu’il assume en écrivant son Autobiographie cache en fait une troisième personne : les réformistes cubains. Los criollos reformistas cubanos, durante los años 1830, no tienen tanto interés en describir el mundo tal como lo ven que a dar una interpretación que sirva su ideología. Por eso, alaban al Buen Negro, al esclavo sometido, mientras condenan al Blanco Malo, al amo que maltrata su ganado humano. En esta perspectiva, Juan Francisco Manzano, poeta esclavo liberado por un grupo de criollos letrados, llega en el momento justo ya que tiene la particularidad de escribir y existir en lo real. ¿Ahora bien, qué más eficiente que un concepto tangible? Juan Francisco Manzano es hasta cierto punto el agente de enunciación de los criollos reformistas. La « fabricación » del personaje conceptual Manzano permite tener un discurso. El Yo que asume escribiendo su Autobiografía oculta en realidad a una tercera persona : los reformistas cubanos.

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Publié

05/03/2007

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